UNEA en action

Congrès UNEA 2024 : de riches échanges

Publiée le 11 Juin 2024 par Sébastien CITERNE
Comme chaque année, les dirigeants et les représentants des Entreprises Adaptées (EA) se sont réunis pour échanger, débattre, discuter, communiquer... et inventer les solutions de demain pour l'emploi des personnes en situation de handicap.
congrès 2024

Les Entreprises Adaptées : la performance qui a du sens

Les intervenants ont échangé sous la houlette d'Olivier Zanetta à l’occasion de quatre tables rondes sur cette promesse de performance et de sens que font les Entreprises Adaptées à leurs clients, à l’ensemble de leurs parties prenantes et en premier lieu aux personnes en situation de handicap.
 

Table ronde N°1  : des politiques convergentes au service d'un engagement 

Nicolas Beaudouin, associé chez KPMG, a pu présenter l'actualisation de l'étude sur le retour sur investissement et le gain social que génère l'investissement de l'État dans les emplois au sein des Entreprises Adaptées. Il a rappelé que cette étude se valait avant tout comme un baromètre puisqu'elle est menée régulièrement depuis 2010 avec l'UNEA.

Pour rappel, le ROI permet de calculer, à partir de quelle rémunération du salarié en situation de handicap au sein de l'Entreprise Adaptée, la collectivité reçoit plus de recettes qu'elle n'en a dépensées. Cette année, les résultats tendent à être plus rapide : pour le ROI direct (sans tenir compte de l'encadrement des salariés en situation de handicap), le ROI est atteint à Smic +18 % contre Smic +21.5 en 2022.

En intégrant l'impact de l'encadrement, le ROI dit complet s'établit à Smic +7.3 % contre Smic +7.9 % en 2022.

Au niveau du gain social qui représente l’économie annuelle que fait la collectivité quand une personne en situation de handicap et éloigné de l’emploi devient salarié d’une Entreprise Adaptée, celui-ci s'établit à 12 310 € contre 11 210 € en 2022.

Pamela Bryant, présidente de l'UNEA et Sébastien Raynaud, son prédécesseur, ont pu insister sur le fait que ces indicateurs démontrent la force du modèle des Entreprises Adaptées qui est également renforcé par l'ancrage territorial de l'activité de nos entreprises.

Nous sommes un modèle de valeur ajoutée sociale vertueux par rapport à des entreprises classiques qui emploient moins de 6 % de personnes en situation de handicap.

Pascal Jean-Charles, chef de mission emploi des travailleurs handicapés à la DGEFP, a rappelé que le ROI n'était pas une étude scientifique et que ces services travaillent depuis plusieurs années sur le sujet. Il a toutefois rappelé que les Entreprises Adaptées apportent une réponse de proximité dans un bassin d’emploi où des entreprises disent de ne pas savoir faire. Les Entreprises Adaptées concourent au développement économique des territoires et à l’emploi des personnes en situation de handicap éloignées de l’emploi, des personnes qui pouvaient être perçues négativement par des entreprises classiques.
 
Lucie Becdelièvre, déléguée générale d'Alliance Villes Emploi a rappelé que dans le cadre des marchés réservés, en 2021, les marchés réservés au handicap ne pesaient que 1 % contre 6,7 % pour les marchés réservés à l'insertion par l'activité économique (SIAE). Elle a toutefois pondéré ces données car des collectivités ont historiquement des liens et des partenariats avec les Entreprises Adaptées qui passent sous les radars. Un des enjeux du développement passe par une réponse aux marchés d'envergure nationale en structurant l'offre, notamment sur des secteurs porteurs (économie circulaire, transition écologique, transition numérique...). En structurant des filières, on pourra stimuler l'offre et la demande.
Le cadre de la commande publique est perfectible, il existe un déficit de connaissance de la part des facilitateurs et des donneurs d’ordre sur la diversité des métiers et solutions mobilisables auprès des Entreprises Adaptées pour répondre aux différentes commandes. Un travail de pédagogie à réaliser auprès des facilitateurs pour faire connaître les 250 métiers des Entreprises Adaptées et les Entreprises Adaptées doivent se faire connaître des facilitateurs.
 
Sur le sujet de la gestion et de l'utilisation des crédits dédiés aux Entreprises Adaptées, Pamela Bryant et Sébastien Raynaud ont insisté sur la nécessité de limiter les strates de la déconcentration budgétaire au niveau de la région (en laissant le dialogue de gestion en proximité) et de créer de l'agilité par des exercices de redéploiement (bourses aux postes) plus réguliers. Pascal Jean-Charles rappelle qu'avec ses services il fait des points à la mi-année et encourage des régularisations pour l’optimisation de l’utilisation de l'enveloppe financière. L’État suivra dans l’appui financier en fonction des moyens disponible dans la région ou entre régions dans le cadre de la bourse aux postes. En outre, la seule dynamique économique ne suffit pas, l’État sera vigilant à l’efficacité de la structure dans l’accompagnement et ses résultats en termes d’accès à l’emploi durable des travailleurs handicapés.
 
Charlotte Bourgeois, directrice adjointe de France Active Bourgogne, a rappelé l'offre d'intervention de son réseau qui peut intervenir sur toutes les phase de vie de l'Entreprise Adaptée en :
  • faciliatnt l'accès à l'emprunt bancaire en se portant caution,
  • en mobilisant le prêt solidaire.
 

Table ronde N°2  : des dynamiques de territoires source de performance et de sens

Jérôme Huet, manager conseil & audit durabilité chez PKF ARSILON, précise que le retour sur investissement est supérieur dans les Entreprises Adaptées car elles ont un ancrage territorial très fort. Elles s'inscrivent dans les notions d'économie circulaire au sens large, c'est-à-dire en contribuant à créer de la valeur sur le territoire.

Quand j’audite un grand distributeur, un hypermarché a une empreinte sociétale de 20 % car sa masse salariale est moins importante et il réalise peu d’achats localement.
En revanche, une Entreprise Adaptée a une empreinte sociétale supérieure en moyenne à 70 %. J'ai audité également des Entreprises Adaptées qui avaient des retours économiques au territoire qui dépassaient les 95 %.

Il précise que les Entreprises Adaptées doivent mettre en avant les forces de leur modèle : acteur du territoire, développement économique, créations d'emplois pour des publics en marge du marché du travail, démarche responsable, engagement environnemental. Ces indicateurs représentent des outils à mettre en mouvement auprès des acteurs économiques privés et publics du territoire.

Jean-Marc Phommavong précise que les Entreprises Adaptées sont performantes localement car elles réalisent le plus souvent leur chiffre d’affaires sur leur territoire, avec généralement plusieurs métiers très variés. Comme KPMG a pu le démontrer dans la table précédente, remettre une personne en situation de handicap sans emploi en activité amène un gain social important à la collectivité.

Thibaut Guilluy a pu engager les Entreprises Adaptées à se mobiliser sur la mise en place des comités pour l'emploi locaux afin de construire un service public de l'emploi le plus inclusif possible.

Olivier Geny, directeur du Cap Emploi de Montpellier, a pu témoigner des premiers effets de la mise en place des Lieux Uniques d'Accueil (LUA) comme point d'entrée pour les demandeurs d'emploi en situation de handicap.

Jean-Marc Phommavong a pu rappeler l'organisation territoriale de l'UNEA qui s'appuie sur des délégués territoriaux bénévoles et des chargés de mission. Le souhait de l'UNEA est que les Entreprises Adaptées aient des interlocuteurs de proximité pour exprimer leurs besoins, leurs projets, leurs difficultés...

 

Table ronde N°3  : le transfert de nos initiatives inclusives: un enjeu de professionnalisation de l'écosystème

Julia Barone, directrice générale de Breizh EATT, a rappelé que les innovations inclusives proviennent majoritairement d'un management de proximité renforcé qui répond à l'adaptation du contexte professionnel pour que le salarié en situation de handicap se sente le plus à l'aise possible.

Sébastien Citerne précise que :

Dans les Entreprises Adaptées, le management est très à l’écoute. Les structures ont une réflexion presque immédiate de vouloir adapter le contexte de travail à la personne et à ses possibilités. Ce qui est difficile dans l’entreprise classique, c’est de casser des process (RH, recrutement) souvent trop rigides. Dans le process de recrutement des Entreprises Adaptées, le niveau de qualification n’est pratiquement jamais mis en avant. On va chercher l’appétence du collaborateur et on développera les compétences au cours du parcours professionnel. 

Caroline Dekerle, directrice du programme insertion des personnes en situation de handicap chez France travail, précise que l'Entreprise Adaptée est censée avoir un temps d’avance sur le management. Manager une personne en situation de handicap permet d’être un meilleur manager, en valorisant le meilleur de la personne. Le fait que les Entreprises Adaptées ont une majorité de salariés, ils ont un temps d’avance par rapport aux autres organisations.

Didier Eyssartier, directeur général de l'Agefiph, affirme que parmi les pratiques diffusables, il y a d'abord la prise en compte réelle du handicap et de son approche positive. On adapte le dispositif de production aux besoins des personnes. Les Entreprises Adaptées démontrent aussi que ce n'est pas si compliqué d'embaucher des personnes en situation de handicap.

Julia Barone témoigne d'une expérience réussie dans les métiers de la sécurité. Nous avons réussi à former et permettre d'accéder à en emploi en entreprise "'classique" une dizaine de collaborateurs. C'est une expérience GAGNANT - GAGNAT - GAGNANT : gagnant pour le collaborateur qui rêvait de travailler dans ce secteur d'activité mais qui n'avait pas les compétences requises, gagnant pour l'EATT car elle a pu missionner, former et participer à la mobilité professionnelle de l'intérimaire, et gagnant pour l'entreprise classique qui après un parcours de plusieurs mois peut intégrer un salarié motivé et qualifié.

Caroline Dekerle précise que France Travail développe, par ailleurs, un outil pour mettre en relation des entrepreneurs engagés avec des personnes en situation de handicap. France Travail identifie des entreprises matures sur le champ du handicap et leur permet d’ajouter un critère sur leur annonce, « Je recherche une personne en situation de handicap ». Ce n’est pas de la discrimination positive, c’est du sourcing inclusif. France Travail doit convaincre des demandeurs d’emploi de jouer le jeu, ce sera visible que pour des employeurs "Handi Engagés"
dont les Entreprises Adaptées feront systématiquement parties. L'ambition est que ce soit opérationnel dès 2025.

Didier Eyssartier insiste : le tournant inclusif a commencé il y a plusieurs années quand on a cherché à adapter l'environnement de travail et non seulement à embaucher une personne en situation de handicap. Nous ne sommes plus dans une politique de solidarité, mais dans une politique d'égalité des chances. L'enjeu est que notre société, qui se numérise, porte cette égalité des chances pour tous. Il faut que la transformation de la société passe par le réflexe handicap. Nous n'y sommes pas encore. Il y a eu une étape sur l'approche inclusive, il faut lui donner une vraie réalité. Nous aurons une vraie révolution quand les dispositifs de l'égalité des chances sur les territoires seront pleinement opérants. Nous avons encore beaucoup de pédagogie et de formation à réaliser.

 

 

Table ronde N°4  : l'Entreprise Adaptée au coeur d'un réseau qui a du sens

Joseph Blombo, secrétaire de l'UNEA a commencé la table ronde en précisant que les Entreprises Adaptées constituent un socle inclusif pour les personnes en situation de handicap et agissent en tant que partenaire économique responsable, capables d'apporter de la valeur ajoutée aux entreprises dans la production. Travailler avec les EA, c’est un investissement bénéfique en termes de production, de productivité, et un gain d'image pour nos partenaires économiques.

Julie Feniger, déléguée générale du Manifeste de l'Inclusion précise que les Entreprises Adaptées sont des fournisseurs comme les autres avec une palette de services large. Il existe cependant encore une méconnaissance et beaucoup de préjugés sur les savoir-faire développés par les EA. Elle a pu témoigner des engagements pris par les signataires de la charte du Manifeste Inclusion qui concernent plus directement les Entreprises Adaptées : notamment le développement des achats.

Gérard Lefranc, Directeur de la Mission Insertion de Thalès, a pu présenter les engagements réalisés au sein du leader français : des achats de prestations et de services qui continuent à se développer et qui s'orientent aussi vers de nouveaux besoins d'activités.

Eric Boudier et David Butet, vice-président de la CPME Côte-d'Or et président du MEDEF Côte-d'Or ont pu témoigner de quelques initiatives locales de partenariats avec les Entreprises Adaptées et des initiatives de leurs organisations pour sensibiliser et développer l'emploi des personnes en situation de handicap.

Joseph Blombo a pu insister sur des synergies communes entre les travaux menées par les organisations patronales et les propositions portées par l'UNEA. Des partages de travaux, de perspectives et de projets peuvent être menés collectivement afin de donner encore plus de poids aux propositions. Les organisations ont intérêt à être plus forte ensemble

Intervention d'Alex SI, conférencier 

Conférencier en entreprise et magicien-mentaliste, Alex est un ancien ingénieur informatique.
Il a étudié la magie et le mentalisme pendant plus de 15 ans, en parallèle de sa carrière de consultant expert en entreprise.
Dans son intervention, Alex a levé un coin du voile et nous a partagé comment notre cerveau nous illusionne : tant durant un spectacle que dans notre travail.
 

 

 

Des ateliers pour partager des retours d'expériences