Intégrer l’AFEST comme modalité de formation dans les parcours des salariés : différents modes d’emploi

4 ans après la parution du décret n°1341 du 28 décembre 2018 et un déploiement très progressif, l’AFEST n’a pas encore révélé toutes ses vertus transformatives. Cette étude monographique conduite dans les Hauts-de-France à partir du regard croisé d’OPCO, d’OF, de consultants et d’entreprises, ouvre une fenêtre d’observation fertile sur la pluralité des chemins praticables pour implémenter une AFEST, et sur leurs effets respectifs en termes de développement de compétences individuelles, collectives et organisationnelles. 

Elle permet, au regard des enseignements de l’expérimentation nationale qui a précédé l’inscription de l’Afest dans l’ordre juridique, de franchir un pas supplémentaire dans l’opérationnalisation de ce type d’action de formation, tant du point de vue des invariants, des conditions de réussite et zones de risques, que de la diversité des façons de s’y prendre.

 

Mettre en œuvre une Afest relève souvent d'un choix stratégique. Les différentes expérimentations conduites par les OPCO montrent que les difficultés rencontrées par les entreprises concernant les compétences des professionnels sont très souvent articulées à d'autres problématiques, comme par exemple un déficit d'image des métiers, la fidélisation, le recrutement, une transformation de l'activité... L’Afest en tant que modalité pédagogique peut donc aussi devenir un véritable projet d’entreprise redonnant à la formation son caractère stratégique connecté aux problématiques de performance économique et sociale de l’entreprise.

L’analyse de l’activité, brique de base de l’ingénierie d’une Afest, est susceptible d’être réalisée en empruntant des approches variées qui peuvent être positionnées sur un continuum entre deux pôles antagonistes : d’un côté une approche analytique où il s’agit d’extraire les compétences visées de manière exhaustive pour structurer précisément en amont le parcours de formation ;  de l’autre, une appréhension globale centrée sur les savoirs d’action essentiels et combinés en situation pour identifier, chemin faisant, les apprentissages à réaliser et les situations formatives les plus pertinentes à installer.

La réflexivité, ressort majeur de l’Afest, renvoie avant tout, non pas à une séquence dédiée dans l'après coup de l'action mais à une posture de questionnement du formateur et de l’apprenant susceptible de se diffuser plus largement dans l’organisation. L'appropriation progressive de cette posture conduit l'apprenant à développer des capacités à agir en connaissance de causes, soit à se professionnaliser dans et par l'action.  Ce faisant, elle fait évoluer la posture du formateur qui quitte la position de "sachant" pour endosser celle "d'agent de développement" qui aide l'apprenant à élaborer une pensée sur son action. 

L’étude montre l’ampleur des transformations induites, tant au niveau des compétences individuelles que collectives, organisationnelles et gestionnaires. L’apprenant accède progressivement à une posture de praticien réflexif en facilitant l’accès, notamment, au sens et au raisonnement qui sous-tendent l’action.

L’étude montre que l’autonomisation de l’entreprise dans la mise en œuvre d’Afest, élément clé d’une diffusion large et durable, est liée à la nature de l’accompagnement extérieur et que les modèles de déploiement collectifs restent un champ d’expérimentation favorable aux économies d’échelle et aux logiques de mutualisation et d’essaimage, au regard du caractère par essence sur mesure de l’AFEST.

Cette étude a été réalisée par Anne Lise ULMANN (CNAM), Béatrice DELAY (France Compétences), Fabienne CASER (ANACT), Noémie DUDZINSKI et Dominique DILLY (KATALYO /ARACT HDF) avec le concours de OCAPIAT, AKTO, OPCO MOBILITES, OPCO 2I, OPCO EP, OPCO SANTE, CONSTRUCTYS, OPCOMMERCE et de la DREETS HDF.

L'étude a été présentée à l’occasion d’un évènement régional AFEST au siège de la région Hauts de France le 31 mars 2023.